Spektrum est la revue publicitaire de l’entreprise allemande Röhm, célèbre pour avoir breveté en 1933 le Plexiglas, premier verre acrylique au monde.
Plexiglas et ses déclinaisons Plexidur et Makrolon sont donc les héros colorés et multiformes des pages de Spektrum. Nous sommes dans les années 1970, la crise pétrolière ne semble pas affecter les prouesses de Röhm. Le Plexiglas nous raconte-t-on, calculs et fractions à l’appui, est un isolant ultra performant, possède une résistance au choc inégalée, et une longévité exceptionnelle. Il est d’ailleurs garanti 10 ans.
Au fil des pages, de 1970 à 1987, dernier numéro que nous possédons, c’est une farandole polychrome saturée de garde-corps, lanterneaux, serres, galeries marchandes couvertes, salles de bains, présentoirs de magasins, cabines téléphoniques et piscines Tournesol. Parfois un dépliant central de quatre pages met à l’honneur une réalisation exceptionnelle comme la couverture du stade de Munich pour les JO de 1972. De magnifiques maquettes de bâtiments, sans nom d’architectes, et des sculptures monumentales toujours en Plexiglas, donnent une touche artistique au panel.
Le Plexi est partout, sa transparence et ses couleurs inaltérables en font le matériau moderne par excellence. Il a transformé l’esthétique de notre environnement, c’est l’ère du plastique, au point que l’un des chroniqueurs peut déclarer qu’il n’a d’égal que la peluche synthétique, quelques photos à l’appui. Au passage, notons que le chimiste Röhm s’occupe aussi d’habillement : il est producteur d’enzymes qui améliore la tenue des fourrures (vison, phoque, zibeline et oui, années 70….) ou du cuir synthétique, mais aussi de la protection des saucisses, grâce au boyau textile revêtu de Plextol. Là aussi très jolies photos.
Dans chaque numéro, la revue dresse le portrait de chefs d’entreprises allemands et autrichiens, les transformateurs, tous exceptionnels, self-made-men inventifs au service du matériau de Röhm.
On est certes assez loin des recherches et des expérimentations de Chanéac, Maneval ou Schein, avec leurs maisons en plastique et leurs bulles six coques. Mais Röhm, c’est du sérieux, de l’utile, au service de tous : qui ne s’est pas appuyé sur un garde-corps ou n’est pas passé sous un lanterneau en Plexiglas ? Qui, surtout, n’a pas flashé sur certains costumes de la Fanf’archi de Nantes , qui ne doivent leur peluche affriolante qu’aux enzymes de Röhm ?