Le skyline de New York

On se sent très petit quand on arrive à New-York, je vais donc laisser la parole à deux grands.

D’abord Céline dans Voyage au bout de la nuit, 1932 :  “Pour une surprise, c’en fut une. À travers la brume, c’était tellement étonnant ce qu’on découvrait soudain que nous nous refusâmes d’abord à y croire et puis tout de même quand nous fûmes en plein devant les choses, tout galérien qu’on était  on s’est mis à bien rigoler, en voyant ça, droit devant nous…
Figurez-vous qu’elle était debout leur ville, absolument droite. New York c’est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux  mêmes.  Mais chez nous, n’est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s’allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l’Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur.”

Puis Le Corbusier, dans Quand les cathédrales étaient blanches : voyage au pays des timides, 1937 :
“Je ne peux pas oublier New York, ville debout, puisque j’ai eu le bonheur de la voir là, dressée dans le ciel.” Et, plus loin, la nuit, à Manhattan : “Le vingtième siècle aspire à la grâce, à la souplesse. La catastrophe est devant nous dans le sombre, spectacle tout jeune, tout neuf. La nuit efface mille objets de discussion, de restriction mentale. Ce qui est ici est donc vrai ! Donc tout est possible […]. La catastrophe féérique est pour nous le levier de l’espoir.”

New York est souvent citée comme la première ville au monde à avoir utilisé le city branding, la promotion d’une ville par des moyens de communication habituellement appliqués à des biens de consommation : c’est en 1977 que le maire de la ville lance une campagne de communication pour redorer le blason de la cité, c’est en 1977 que Milton Glaser, graphiste réputé, créa le fameux logo :

Mais, déjà, en ce début du XXe siècle, la ville a son emblème, son image de marque : New York a son skyline. À l’époque de Céline et Corbu, pas d’intermédiaire, pas d’injonction à l’amour : la ville se livre brutalement et sans fard, pas baisante, une catastrophe..

Ce souvenir a été rapporté de New-York en 2009 par l’Ardepa, association nantaise de diffusion et de promotion de l’architecture.

Danielle Laouénan, juin 2010

papier découpé, dimensions : 9 x 9 cm (plié)

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